Encore merci à tous ceux qui ont sponsorisé ce voyage au bout du monde ! Nous vous ouvrons ici notre carnet de voyage. Illustré de quelques photos.

Chapitre 1 : quelques jours autour de la péninsule du Cap
Chapitre 2 : au fil de la Garden Route
Chapitre 3 : à la conquète de l'Est


Si vous voulez faire cette excursion en musique, vous trouverez en suivant ce lien quelques notes made in South Africa regroupées sur deezer .

Pour parcourir d'autres images, vous pourrez aller vous balader au coeur d'un best of de photos, là.





Chapitre 1 : Quelques jours autour de la péninsule du Cap

"C'est un roc !... C'est un pic !... C'est un cap !... Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule !" [E. Rostand]



Où vous partagerez notre tribulations, tantôt sur les pas des courageux navigateurs des siècles passés débarqués sur la pointe de l'Afrique, tantôt sur ceux de valeureux africains luttant pour cet idéal qu'on appelle l'égalité...





Mardi 12 & Mercredi 13/10/2010 - Please fasten your seat belt

Jeudi 14/10 – Show us the way to freedom

Vendredi 15/10 – Au bout du bout du monde

Samedi 16/10 – A l’assaut de Table Mountain

Dimanche 17/10 – Stellenbosh ou l’autre pays du vin






Mardi 12 & Mercredi 13/10/2010 - Please fasten your seat belt

Départ de Toulouse (Impressionnant le Hall D flambant neuf). Merci, Caro, de ne pas faire grêve contrairement à Tisseo... Malgré nos inquiétudes, par contre, notre vol est maintenu, et pas excessivement retardé ! On a de la chance. Bon, on arrive tout de même à Londres Heathrow alors que l’embarquement de notre vol pour Johannesburg est en cours : ça passe juste, mais encore chanceux… Attente un bon moment sur le tarmac londonien. Dodo. A Joburg, on est moins chanceux : avec le retard pris à Londres, notre long courrier (désolés, Will, on ne sait pas quel avion c’était) atterrit alors que le suivant pour Le Cap décolle… et on est recasés sur un avion qui va décoller avec 2h de retard !

On finit par arriver à bon port à notre logement à Bo-Kaap, le quartier Malais de Cape Town. Le quartier Malais (oui, Malais de Malaisie, bien que les Sud-Africains cachent sous ce nom beaucoup de peuples venus d’orient qui sont tout sauf Malaisiens) est une succession de façades peintes de couleurs vives, exutoire nous dira-t-on pour les esclaves qui n’avaient pas le droit de se vêtir de façon colorée. C’est aussi le coin des Musulmans, l’appel à la prière retentit en début de soirée. Notre B&B s’appelle Orange on Rose : comme son nom l’indique c’est une bâtisse orange, sur Rose Street.

On découvre en cette fin d'après-midi Strand Street et son « Pick and Pay » (supermarché que l’on croisera ensuite à tous les coins de rue), pour se trouver de quoi subsister.

Les rues du centre ville ne sont pas très dépaysantes on pourrait presque se croire dans une ville Européenne.

Jeudi 14/10 – Show us the way to freedom

Le temps n’est pas au beau fixe, il vaut mieux remettre à plus tard l’ascension de la Montagne de la Table.
Un petit tour en ville, à l’office du Tourisme, au bureau du bazbus, au marché d’artisanat de Green Market Square, puis en direction du Victoria & Alfred Waterfront Waterfront. Ce port a une allure très Disneyland : des façades aux allures de décors de cinéma abritent des magasins de souvenir ou de coquets restaurants, et beaucoup de touristes. C’est de là bas que se fait l’embarquement pour Robben Island. On a peu d’espoir parce que le routard et Bruce notre hôte nous ont dit qu’il fallait réserver, et puis à l’Office du Tourisme il n’y avait plus de places disponibles. Mais la personne de l’Office du Tourisme nous a suggéré de tenter notre chance tout de même. Au pire, ça nous fait une balade. Et effectivement, contre toute attente, on peut embarquer à 15h !

La balade en bateau proprement dite vaut déjà le détour. Vue de carte postale sur Cape Town surplombée par Table Mountain. On est accompagnés par des oiseaux. L’arrivée sur l’île est jolie aussi. Mandela et autres exilés ont dû la trouver moins sympa en leur temps… L’île a servi régulièrement de mise à l’écart tantôt pour les lépreux tantôt pour les prisonniers de tout ordre.

La visite est orchestrée en 2 actes. Le premier en bus, au cours duquel on fait le tour de l’île. Notre guide fait de l’humour, et le paysage est magnifiquement fleuri, mais on ressent bien le poids de l’histoire qui pèse sur ces lieux. On retiendra notamment la carrière de calcaire (limestone) dans laquelle Mandela et ses codétenus se sont exténués pendant des années et par tous les temps. Dans un second temps, on pénètre dans les bâtiments de la prison. Notre jeune guide laisse la place à un ancien prisonnier politique, et ses mots ont d’autant plus de sens. Surtout dans la pièce où il a passé de longs mois. Le régime d’apartheid, en ce qui le concerne au début des années 80, le considérait comme un terroriste. Et les traitait de façon complètement inhumaine. Au début du régime, prisonniers politiques et prisonniers de droit commun était dans le même panier (à salade) ; mais les premiers formant intellectuellement les seconds et les enrôlant à leur cause, ils ont finalement été séparés. On ne fait cependant pas taire une légende comme ça. Aussi incroyable que ça puisse paraître quand on réalise à quel point la situation semblait cadenassée, les militants contre l’apartheid ont réussi à faire ouvrir les yeux à l’opinion internationale pour que leur propre pays puisse aussi y voir plus clair, et mette fin à cette situation tristement ubuesque.
Leur talent réside d’autant plus dans la sagesse avec laquelle s’est fait ce revirement de situation. De la même façon qu’un Mandela, notre guide assène comme une évidence qu’il a pardonné à ses geôliers.

Ces épisodes restent très récents. Les révoltes des années 70 ont commencé à changer les choses, mais il a fallu attendre 1990 pour que Mandela soit libéré (après 27 ans de détention, dont 18 sur cette île), 1991 pour que les lois de l’appartheid soient abolies, 1994 pour les premières élections multiraciales et démocratiques…

En route vers le port. Oh, des pingouins au bord du chemin (enfin, des manchots du Cap plus précisemment)… et une otarie près de l’embarcadère.

Sur les vagues du retour, spontanément, doucement, puis avec de plus en plus d’assurance, de plus en plus nombreuses, les voies africaines font résonner un refrain comme un hommage à Mandela-la-légende. L’une s’élève clairement, seule. Les autres lui répondent en cœur. Et sans cesse, elles reprennent les mêmes mots. Poignant. Je me joins à elles. Ca ressemble à ça :

Rohlihla Mandela, (ou parfois : Mandela Mandela)
Freedom is in your hands
Show us the way to freedom
In this land of Africa (ou : of Safari)

Vendredi 15/10 – Au bout du bout du monde !

Aujourd’hui c’est la grande aventure ! Bon, un peu parce qu’on va au bout du bout du monde, mais on n’en est plus très loin. Aussi et surtout parce que l’on loue une voiture pour y aller ! Et qu’ici ils roulent du « mauvais coté » de la route… Déjà, en tant que piétons, ce n’est pas trivial. On s’est fait surprendre plusieurs fois par des voitures arrivant à notre droite hier. On est quand même très conditionnés… En conduisant, le réflexe le plus terrible est celui du levier de vitesses… on l’a cherché plus d’une fois contre la portière. Pareil pour le rétro intérieur. Amusants les ronds points « à l’envers » (en toute immunité, pas de gardien du CNES pour nous faire des remontrances ;) ).

On parvient à s’extirper de Cape Town sans casse, le plus dur est fait. Direction la péninsule du Cap. On fait une halte pour s’extasier devant les maisons de plage colorées de St James. Puis se poser un peu sur le port de Kalk Bay, où sèche du poisson. Snack typique (hum typiquement allemand !) acheté à Fish Hoek, et grignoté avec vue sur la mer à Simon’s Town. C’est sensé être un bon spot de « whales watching » alors on scrute l’océan à la recherche de ces fameux cétacés. Là bas ! Une baleine en forme de caillou sort du remous des flots !! Hum, en fait ce n’est qu’un caillou en forme de baleine. Arrêt un peu plus bas pour s’amuser de voir les pingouins, aussi curieux que nous. Touts petits, pas très propres, ils sont loin du cliché idéal que l’on peut s’en faire (oui, Pixar n’est pas la réalité alors…). Jusqu’à ce patelin, la voie ferrée longe le bord de mer au plus près, la balade en train doit valoir le coup.

On progresse jusqu’au parc national de la péninsule du Cap. Arrêt sur le bord de mer en surplomb de l’océan. Elles sont là ! Deux vraies grandes baleines qui batifolent en contre bas.

Autour de nous le paysage est très méditerranéen. Pourtant, à notre droite, l'Atlantique, à notre gauche, l'océan Indien ! Enfin, pour ne froisser personne et ne pas rentrer dans la polémique, c’est sous réserve que la péninsule soit le partage des océans. Il semble que les courants se séparent à ce niveau. Mais ce n’est pas tout à fait le point le plus septentrional du continent : un peu plus à l’Est, c’est Cape Aghulas qui a cet honneur. Quelques centaines de mètres à pieds et on est au pied du phare de Cape point ! Il est perché en haut d’une falaise acérée. D’ailleurs perché trop haut donc trop souvent dans les nuages, il n’a que peu servi. On peut voir un peu à l’ouest le fameux Cap de Bonne Espérance. Nettement plus accueillant pour accoster avec sa petite plage. On le rejoint pour marcher sur les pas des courageux navigateurs du XVeme siècle, dont Bartholomée Diaz et tous les matelots anonymes qui l’ont suivi.

Sur le bord de la route quelques singes… puis quelques autruches qui picorent sur le bord de mer !

Retour rapide sur Cape Town, il faut rendre la voiture.

On a encore toute la soirée devant nous : on va en profiter pour aller voir un ballet ! Ce soir, c’est Carmen qui danse à l’Artscape. Succulente salade crevettes et avocats au News Cafe en attendant la représentation. Dans le petit théâtre, le public n’est pas très coloré (<- euphémisme !) Sur la scène par contre quelques métis. Joli ballet. Les scènes de bagarres sont excellentes. Bon, pour ce qui est du scenario quand même, c’est un peu violent Carmen.

Retour en taxi. Pas mal de supporters sont aussi sur le chemin du retour, armés de leurs indispensables vuvuzelas, suite au derby qui a eu lieu ce même soir.

Samedi 16/10 – A l’assaut de Table Mountain

On commence la journée en faisant nos bons petits touristes : hop, dans le bus rouge qui fait un tour commenté de la ville.

Mais ce n’est qu’un prétexte pour atteindre l’arrêt en bas de la Montagne de la Table qui nous nargue depuis quelques jours. Par Platteklip Gorges, c’est un peu moins de 700m de dénivelé. Les moucherons qui nous tournent autour sont insupportables. Mais à mesure que l’on monte ils abandonnent leur poursuite. La végétation est d’une diversité et d’une beauté impressionnantes. Beaucoup de monde sur ce sentier, on pourrait se croire à Gavarnie ! Mais cette candidates aux merveilles du monde moderne le mérite.
En haut, le plateau tient toutes ses promesses. Un grand plateau, et surtout une vue à couper le souffle dans toutes les directions.
On redescend par un autre sentier bien moins emprunté et pourtant bien plus joli à flan de falaise, qui atterrira juste derrière le téléphérique.

Fin de la boucle en bus rouge. Avec une petite pause sur le bord de mer huppé de Camps Bay pour savourer une glace (aussi gigantesque que délicieuse !). Quelques personnes en terrasse des bars branchés, mais surtout du monde sur la plage, qui profite de la fin de la journée pour jouer, papoter, ou éventuellement se baigner.


Dimanche 17/10 – Stellenbosh ou l’autre pays du vin

Le Bazbus sera notre moyen de transport de la semaine entre Cape Town et Port-Elizabeth (PE (lire « pi-i ») pour les intimes). C’est un minibus coloré, très routards spirit, qui fait le trajet tous les jours, et on en descend et on remonte quand le cœur nous en dit, au fil de ses arrêts de ville en ville.

Petite étape pour commencer, jusqu’à Stellenbosh, bourgade réputée pour son architecture historique (pour l’Afrique du Sud : comprendre que certaines maisons datent de la fin du XVIIIeme), et pour ses vignobles. Une poignée de huguenots français ayant fuit suite à la révocation de l’édit de Nantes a immigré dans le coin avec son savoir faire, et ça a plutôt bien pris.

On se croirait en région bordelaise : de grandes vignes, et des pins nous entourent. Bon, un peu plus de palmiers qu’en Gironde tout de même. Zut, la cave à portée de pieds que l’on imaginait visiter est fermée le dimanche.

On se console par un resto très Cape Dutch, le De Volkskombuis / De Oewer. Sa terrasse, à l’ombre d’immenses chênes, en bordure de ruisseau, est idyllique. Les mets que l’on y déguste le sont également. Miam le bon boboti (plat classiquissime à base de viande hachée), pas mal ce petit Chardonnay, humm en dessert les koeksister et le cape pudding, le tout conclu par un petit verre d’Amarula (une sorte de Bailays sud africain)…

Les habitudes viticoles du coin sont surprenantes pour les français que nous sommes. Capsules vissées, et surtout pas de nom de domaine sur les étiquettes, ni même de région, et pour cause : ils mélangent des vins de diverses provenances. Les vins qu’ils nous a été donné de gouter sont plutôt fruités, très accessibles.

A part ce resto mémorable, notre petit tour en ville sera la majeure activité de cette journée.

« Hi guys !» nous accueille notre hôte. Comme beaucoup de monde en Afrique du Sud (et plus spécifiquement le jeunes et les noirs), il ponctue toute ses phrases de « guys » (les gars).et de quelques autres « man ».

Notre hébergement est un « backpackers » au jardin sympathique et aux canapés défoncés. Chambre aux allures monastique. Les « Backpackers », très répandus en Afrique du Sud et tout particulièrement sur le trajet du Bazbus, sont des sortes d’auberges de jeunesse : cuisine, jardin, salon, et éventuellement salle de bain communs, le tout peuplé de routards venus du monde entier.


Chapitre 2 :
Au Fil de la Garden Route

"Quand un arbre tombe, on l'entend ; quand la forêt pousse, pas un bruit." [Proverbe africain]

Où vous vous pourrez venir carresser des mamifères marins au plus près ; où vous vous baladerez sur un bord de côte aussi sauvage qu'accueillant ; où vous partagerez les mésaventures de notre appareil photo tout neuf...

Lundi 18/10 – A la chasse aux baleines

Mardi 19/10 – Superbe point de vue sur l'Océan Indien

Mercredi 20/10 - Au fil de l'eau

Jeudi 21/10 – Plumes arc-en-ciel

Jeudi 22/10 – Esprit Sauvage



Lundi 18/10 – A la chasse aux baleines

En route pour Hermanus et sa baie peuplée de baleines.
Bon, « peuplée »... il ne faut pas s’imaginer un aquarium géant tout de même. Pourtant, là bas, le Whales Watching est l’activité incontournable. Autour de toute la baie, le public s’arme de patience dans l’espoir d’apercevoir ces gigantesques mammifères. On se prend au jeu. La journée est venteuse et la mer agitée, ce qui ne facilite pas l’exercice... Rien à l'horizon... On commence à perdre espoir.
C’est alors que l’on partait en quête d’une cabine téléphonique que l’on aperçoit une nageoire ! La baleine en question nous gratifie même de quelques sauts. Elle est tout près. On descend sur les rochers au raz de l’eau (comme quelques dizaines de personnes qui se précipitent dans un même mouvement). Il y en a plusieurs. L’une d’entre elles nous surprend en faisant surface juste devant nous, à 20-30 m !! Impressionnant. Elles semblent s’amuser, tantôt à frôler la surface, tantôt à battre l’eau de leur nageoire arrière, tantôt à sortir la tête verticalement. De la natation synchronisée façon cétacés.

Ce soir, on goute à une grande tradition, voire une institution sud africaine : ce soir, notre backpackers organise un Braai. Autrement dit un barbecue made in South Africa. Viande de bœuf (ou à mi-chemin entre le bœuf et le veau ?) épaisse, et surtout de typiques «broerwquelquechose » (des saucisses de boeuf parfumées). Accompagnées de salade, de pommes de terre avec du fromage fondu, et de pain passé à l’aï et au beurre (chauffé aussi sur le bbq). Délicieux.


Mardi 19/10 - Superbe point de vue sur l'Océan Indien

On découvre le plaisir du porridge au petit dej’. C’est le repas du matin d’une majorité de sud africains. Une mixture à base de maïs et de lait, assez semblable à la semoule que l’on peu faire comme dessert chez nous.

Puis on ne tarde pas à remonter dans le bus, direction Wilderness. La plupart des passagers du Bazbus sont des voyageurs solitaires mais très sociables. Souvent des filles. Plutôt jeunes mais pas toujours. Quelques cheveux blancs aujourd’hui ! Comédies romantiques ou autres films grand public pour que ce petit monde ne trouve pas le temps trop long. Ce moyen de transport a quand même une bonne inertie.

On atteint notre étape suivante, the Beach House, alors que l’après midi est déjà bien avancée.

Bonne pioche ce toit là ! Un peu en hauteur, ses terrasses nous offrent une vue sublime sur l’infini de l’océan Indien. Notre chambre est coquette. Quelques fausses fleurs sur la porte et les montants du lit à baldaquin. Un petit bouquet de vraies roses à coté d'une bible sur la commode. La chaleur des rideaux contraste avec la blancheur des murs. Et surtout, on peut voir de l’intérieur ce beau panorama vers le grand bleu. Dommage que les carreaux ne soient pas très nets.

Notre hôte, Annie, est particulièrement accueillante. Elle nous raconte entre autres comment l’enquêteur du guide du routard, dithyrambique sur son logement, s’est laissé charmer sans y dormir.

Le village est réduit à 2 restaurants et 3 commerces regroupés, et en guise de centre ville, autour d’une station service. Tiens, une marmotte du Cap (pas farouche …) ! Si, si, je vous assure, regardez de plus prés la photo fleurie!

Mais retour sur notre terrasse, et encore une fois, quelle vue !


Mercredi 20/10 - Au fil de l'eau

On part sans trop trainer en direction de la chute d’eau un peu plus loin dans le parc national. Bien que la marche soit assez longue, on ne pourra pas appeler ça une rando : sur la plupart de sa longueur le chemin est fait d’une sorte de passerelle en bois montée sur pilotis, pour faciliter la progression du marcheur. Quelques lianes et passages de rivière pour nous amuser tout de même.


La chute d’eau est un peu décevante par contre. Mais ce qui vaut vraiment le coup dans cette excursion, c’est la passerelle qui longe l’embouchure, à la limite de Wilderness. Sur des centaines de mètres, elle semble flotter sur la rivière, se faufilant entre de hautes herbes, peut être une sorte de roseaux.




Retour à notre Beach House pour se replonger dans l’océan, du haut de notre terrasse, en attendant le bazbus. (j’ai déjà dit que le paysage était époustouflant ?)



Notre bus a 2h de retard ce soir là, un problème de porte.

Quand on arrive à Wild Spirit, il fait nuit noire. Le véhicule, remuant, progresse sur une piste qui se faufile dans une forêt sombre et peu engageante. Le lieu-dit méconnu s'appelle "the Crags".

L’une de nos hôtes vient à notre rencontre à la descente du bus. Ils s’inquiétaient. Soupçon de culpabilité de ne pas les avoir prévenus de notre arrivée tardive.
« Do you want to eat with us ? » On accepte volontiers de s’attabler avec eux autour de ces appétissantes lasagnes (végétariennes). Une grande tablée vient de s’y attaquer, à la lueur des bougies.

On est sur une immense terrasse, dans une autre dimension. En guise de toit, une toile, maintenue par de grandes branches qui font office de poteaux. Une autre grosse branche, bien vivante celle là, ornée de ses vertes feuilles d’érable, se glisse dans cette tente géante pour participer à sa décoration intérieure.

Autour de nous, chaque objet attire mon attention. Un joli banc aux accoudoirs en bois flotté surveille la forêt en contre-bas. Un sac à dos, paré d’ailes noires plus grandes que lui, semble voler dans un coin. Les lampes extérieures sont faites d’un bouquet de bouteilles de récupération. L’ensemble est plutôt harmonieux malgré son inhomogénéité.

Les activités écrites en couleurs sur le tableau noir n’ont rien à voir avec celles des précédents backpackers (qui consistaient typiquement à faire du saut à l’élastique, de la plongée, ou la fête) : ici ça va plutôt de l’observation de la lune au télescope à la chasse aux arbres aliens !

On apprend vite que le manque d’eau se fait cruellement sentir dans la région. La forte proportion d’océans de l’hémisphère sud le rend d’autant plus sensible aux changements climatiques. Ces arbres dits « aliens » sont en fait simplement originaires d’Australie, mais ils s’avèrent être des colons peu appréciés car trop gourmands en eau, et sont d’autant plus malvenus dans ce contexte de sécheresse…

Globalement, tout le domaine est très « eco-friendly », que ce soit pour la gestion des déchets ou de l’énergie. Mais c’est d’autant plus vrai pour ce qui concerne la gestion de leur source d’eau. En guise d’illustration : un ingénieux système permet de réutiliser l’eau d’un lavabo pour la chasse des toilettes. Et on demande aux clients de mettre un seau sous la douche le temps que celle-ci se réchauffe. Dans ce petit monde en autarcie, chaque ressource est traitée à juste titre comme un bien précieux.

Dans notre chambre, peinte en orange avec quelques grosses fleurs dans un camaïeu de beiges, un simple bouquet de feuilles dans une jolie bouteille orne admirablement la table de nuit.

Jeudi 21/10 - Plumes arc-en-ciel

Joli matin, au son des champs d’oiseaux. On découvre que la terrasse de notre chambre, comme celle du petit dej, surplombe une épaisse forêt qui s’étend à perte de vue. Petite pensée pour Céline et Laurent qui passent leur thèse aujourd’hui.


La matinée se révèle moins joyeuse quand, en refaisant notre sac à dos pour partir en balade, notre appareil photo (tout neuf) manque à l’appel… On a beau fouiller, plutôt dix fois qu’une tous nos bagages, il ne se montre toujours pas. Mais quelle bande de boulets on fait ! Heureusement on a mis nos photos au fur et à mesure sur le mini PC, et on a même la carte mémoire puisque ça a été fait hier soir en attendant le bus puis dans le bus. Mais quand même, cet appareil tout neuf ! Coups de fils à Wilderness et au Bazbus (merci Ola), au cas où. Ils doivent voir. Patience.

Dans l’attente, on se résigne à partir quand même faire un tour de VTT en direction de « Birds of Eden », notre objectif du jour. A défaut d’appareil, lecteur, accroche-toi, mon récit sera fourni !
Birds of Eden est décrit comme la plus grande volière du monde. C’est même plus qu’une volière : plutôt un bon morceau de forêt recouvert d’un immense filet. Fort bien aménagé : ponts suspendus, cascades, petit étang, tout ce qu’il faut pour que promeneurs et oiseaux se sentent bien et puissent converser en toute intimité.
Converser peut être pris au sens propre ! On s’enthousiasme de dire « Hello » à un perroquet vert flashi coiffé de jaune, qui nous répond distinctement ! Pas réussi à lui faire dire « bonjour » par contre.
Autour de nous, une bonne cacophonie de « cuicui », « coucou », « trrr », « tuii » « cocacoué », et autres « kwak ». Des volatiles sauvages ou très familiers. Minuscules ou de grande envergure. Des becs rouges, longs, ou crochus... Des pates courtes, des échasses, des palmes,… Toute la palette de couleurs est utilisée. Joli celui-là, avec sa houppette, et ses plumes vert foncé qui se prolongent par une longue queue d’un bleu sombre irisé. Et celui-ci, dans son costume noir et blanc, veste noire, chemise blanche à gros pois noirs, pantalon plus finement tacheté. On s’observe réciproquement, on pourrait le toucher ! Décidemment notre appareil photo nous manque… mais quels boulets ! Un autre, là, avec sa queue de faisan et ses couleurs vives : rouge sur le ventre, un casque jaune rayé circulairement ; sa démarche de poule dévoile sous sa coiffe une large zone verte. La nature s’est vraiment bien amusée à dessiner les oiseaux.
Pique nique. Une sorte de petit perroquet intéressé ne manque pas de venir se percher sur mon épaule ! Puis son copain ! Il nous faut défendre notre repas becs et ongles !
Au dessus de ce petit monde, tours de pistes, délégation par délégation : les impressionnants perroquets, suivis de quelques canards, ballet de trois oiseaux aux couleurs franches (vert, jaune, bleu), bouquet final de nombreux oiseaux rouges franc ou noirs.

Retour à Wild Spirit. Pas de trace de notre appareil photo ni à Wilderness ni coté Bazbus… On commence à perdre espoir. En plus, le temps se gâte, il fait bien froid sur la terrasse. Mais l’ambiance est toujours des plus chaleureuses. Et puis au coin du feu Louise et son mari, 2 adorables grands-parents sud-africains, qui sont également allés voir les oiseaux aujourd’hui, nous donnent leurs photos.

Vendredi 22/10 - Esprit Sauvage

C’est une maison d’artistes : hier soir le benjamin de la maison faisait danser des boules de feu ; ce matin, Tanika peint des trolls et des fleurs sur la grande table de la terrasse ; partout, des objets en bois flotté, de la poignée de porte au support de papier toilette en passant par la palissade; et j’omets les canettes transformées en cendriers, les décos du jardin à base de pierres rondes et bien d’autres.

On se plait à observer 4 petits fauves roux qui jouent.
Sur le canapé.
Bon, c’est des félins comme on en voit dans les maisons françaises aussi, ok.

Les espoirs de retrouver notre appareil s’amenuisent avec les heures. Au cas où, on attend tout de même l’arrivée du Bazbus qui redescend vers Cape Town. Greg est finalement persuadé que c’est là qu’il est resté. Souvenirs qui se remettent en ordre : les réglages des raccourcis ça devait être au début du trajet ; et le sac à dos qui est tombé, ouvert, pendant la route.
Le chauffeur est le même qu’avant hier soir quand nous sommes arrivés ! Patrick. Et il nous livre son précieux témoignage ! Quand nous sommes descendus du bus, tel passager a pris nos places. Trouvé l’appareil. Joué avec. Descendu à tel Backpackers à PE. A repris le bus le lendemain, et Patrick l'a conduit jusqu'à pour Coffee Bay. Que d’indices !

Inspector Jenny, la mère de la maisonnée, prend les choses en main. Elle s’arme du téléphone pour rappeler le QG du bazbus. Convaincante, précise, elle leur déballe tous les éléments mis en ordre. A suivre.

Dommage, avec tout ça on n’a pas le temps de faire la rando conseillée par la maison, qui traverse la forêt jusqu’à la cote. On occupe notre journée à des excursions plus petites sous les arbres : jusqu’à la cascade, assez sèche mais dans une jolie clairière ; et jusqu’à Big Tree, pas du genre Baobab mais avec un fut large et haut qui semble régner sur les environs. Impressionnants mille pattes sur les chemins.

Retour à la maison. Ada sort à notre rencontre avec un grand sourire, dans lequel je lis une bonne nouvelle avant même qu’elle ne nous l’annonce ! Notre appareil photo est à Durban ! Un coup de fil plus tard : on devrait pouvoir le récupérer dimanche à Johannesburg !

Pour fêter ça on va chasser quelques Aliens. Des arbres un peu dans le style des acacias, qui poussent vite et se répandent facilement. Dans certaines zones il y en a vraiment beaucoup… Greg se moque, ce serait une cause perdue. Pas grave, ça ne me fait pas peur, ça en fera toujours quelques uns de moins. Mais pfou ! "ce n'est pas le nombre et la longueur de ses branches, mais la profondeur et la santé de ses racines qui font la vigueur d'un arbre" , et ces arbres gringalets en sont une bonne illustration...

L’heure de quitter ce petit paradis approche. Non loin, Ola, pieds nus, s'affère pour donner vie à un petit jardin, en mémoire de sa grand-mère. Je récupère les délicieuses recettes végétariennes de Tanika. Bien que l'on n'ait passé que 2 jours dans cette maisonnée, on se sent déjà comme un peu d'ici. J'ai le coeur lourd à l'idée d'abandonner cet éden. Est-ce l'enchantement de la forêt ? La bienveillance de nos hotes ? Le sentiment de partager un mode de vie en accord avec le monde qui nous entoure ?... En tout cas ce lieu a quelque chose de magique... Chaleureuses embrassades à l’image de l’accueil des jours passés ici.

Arrivée à PE, notre dernière étape en Bazbus. C’est une grande ville. Ouch ! les barbelés en haut des murs. Alors qu’à Wild Spirit la notion de serrure existait à peine… Retour dans cette autre réalité, celle qui a oublié que l’on vit tous sur la même petite planète.



Chapitre 3 :
A la Conquète de l'Est

"To be free is not merely to cast of one's chains, but to live in a way that respects and enhances the freedom of others" Nelson Rolihlahla Mandela.


Où vous pourrez découvrir les richesses des capitales du pays arc-en-ciel. Où nous enthousiasmerons ensemble devant les jakarandas en fleurs. Où nous plongerons dans le 3ème plus grand canyon au monde. Où nous murmurerons à l'oreille des zèbres, mais aussi et surtout des girafes, des antilopes, des écureuils ... par contre, pour les lions, euh, ça reste à voir.


Samedi 23/10 - « Apartheid is exactly where it belongs to : in a museum »
Dimanche 24/10 – Capitales économique et politique
Lundi 25/10 – En route vers le grand Est
Mardi 26/10 – Monumental canyon !
Mercredi 27/10 – Aux portes de la savane
Jeudi 28/10 – « Apprivoise-moi », dit l’antilope
Vendredi 29/10 – Le word famous « Kruger Parc »
Samedi 30/10 – « Comme une porcelaine dans un magasin d’éléphants »
Dimanche 31/10 – Retour au pays des jacarandas
Lundi 1/10 – Non loin de Pretoria
Mardi 2/10 : South Western Township
Mercredi 3/11 : « Home sick ? »

Samedi 23/10 –« Apartheid is exactly where it belongs to : in a museum »

On atterrit à Jo’burg ce matin. Notre nouvelle voiture de location présente une autre difficulté par rapport à la précédente : la manette de commande des clignotants ! La bougresse, elle est aussi du mauvais coté. On mettra plus d’une fois en route les essuie-glaces sous un soleil radieux. On a l’impression de réapprendre à conduire, que de concentration !

Direction le musée de l’apartheid. On est de suite mis dans l’ambiance : à l’entrée, à peine plus arbitrairement que ça a pu être fait il y a quelques dizaines d’années dans les rues d’Afrique du Sud, on est étiquetés blanc ou non blanc. Et séparés selon cette étiquette. Comme ont pu l’être des familles à l’époque. On nous montre les siècles de conflits qui ont dû favoriser la mise en place de ce régime. Puis le terrain propice dans les années 40 sur fond d’exploitation des mines d’or. Les cases dans lesquelles les gens ont été rangés de façon redoutablement organisée. La minimalisation des intersections entre ces cases. La vie dans ces conditions est illustrée par des images contrastées (et je ne parle pas des couleurs) entre le quotidien des blancs et celui des noirs mis en vis-à-vis. La situation, bétonnée au fil des années par des lois toujours plus discriminantes, semble immuable. L’aveuglement de la majorité du pays est expliqué par la l’endoctrinement de tous et la concentration de beaucoup sur leur simple survie. Les voix qui s’élèvent contre le système sont faibles. On peut citer tout de même Hélen Suzman, seule parlementaire à s’y être ouvertement opposée. Et quelques rares manifestations (noires et blanches).
Expo temporaire sur Mandela – encore lui ; sans doute la plus grande légende vivante du monde ? C’est en prison qu’il aurait compris que « the only way to beat a tiger is to tame it » (l’apprivoiser). On admire le parfait équilibre entre charisme et humilité du personnage. Mais on réalise aussi que la réalité est plus nuancée que ce que l’on avait cru comprendre à Robben Island : d’une part le passage de casseur de cailloux à négociateur de la démocratie ne s’est pas fait en un jour. On nous montre la place importante prise par le jeune Nelson avant son emprisonnement, et sa détermination, déjà. Puis pendant les années 80, sa détention s’est déroulée dans des conditions toutes autres que sa cellule minuscule sur l’île, et il a eu la possibilité de dialoguer déjà avec le pouvoir en place.
Et surtout, le bruit fait par le peuple pour faire entendre ses droits est bien mis en valeur, notamment par des films d’époque. Tournant en juin 1976 négocié par des manifestations étudiantes. Suivi d’années de mouvements dans la rue. Impressionnantes marrées humaines chantantes. Etat d’urgence déclaré, dans les années 80, pour tenter de faire taire le brouhaha ambiant ; mais c’est en vain, et la démocratie aura raison.

Une panne d’électricité ? Non, on nous met dehors, c’est la fermeture (on aura passé plus de 5h là dedans), mais on était sortis d’affaire, ce qui reste était plus de l’actualité que de l’histoire. On peut souligner que Mandela, fidèle à ses convictions de partage du pouvoir, a tiré sa révérence à la fin de son premier et unique mandat. Dommage, un peu tôt, ses successeurs n’ont sans doute pas su si bien que lui mettre en application ses idéaux.

Zou, direction Pretoria ! La norme semble être des routes à 2*5 voies dans le coin, et on roule parfois sur des chaussées encore plus larges !

Dimanche 24/10 – Capitales économique et politique

Notre refuge de ce week end, « Pretoria Backpackers », est centenaire. Bon, comme toujours, les peintures sont perfectibles… Mais il est meublé avec goût, et le coin de verdure et le petit déjeuner sont remarquables.

Ce matin, le gardien de voitures et mécanicien de la maison à troqué son gilet jaune « sécurité » contre un habit de photographe…

Notre rue, de même que beaucoup d’autres sur Pretoria (et Joburg), est illuminée de « Jakaranda trees » : ces arbres ont en ce moment pour seul habit une multitude de fleurs violettes, d’un violet que l’on voit peu habituellement dans de telles proportions, et qui donne à la ville une dimension encore plus dépaysante, presque surnaturelle. (Pour les lecteurs Toulousains : sauf peut être dans les tribunes du stadium, c’est un violet TFC !)

Petit tour du coté du siège du pouvoir, the Union Buildings, et ses jardins parfumés. On revoit en filigrane dans ces murs certains épisodes découverts hier au musée. Le majestueux bâtiment en hémicycle, perché sur sa colline, règne sur le pays.

Puis on découvre dans le centre la place dite « Church Square ». Les maisons autour ont une architecture typiquement flamande ; mais pour ce qui est des passants la plupart est bel et bien africaine depuis toujours, et ce dans des proportions nettement supérieures à ce que l’on a pu voir de la côte sud. On sourit de voir nombre d’entre eux s’abriter du soleil sous un parapluie.

Retour à Johannesburg.

Excursion au marché, dit le rooftop market, qui comme son nom l’indique élit domicile sur un toit. Un toit qui sert le reste du temps de parking, à Rosebank, et se trouve envahi tous les dimanches par des centaines de petits stands d’artisanat, d’antiquités, et autres snacks. Sympa (merci Camille et Nico pour l’adresse !).
On est au dessus d’un « mall », une sorte de galerie marchande géante, sur plusieurs niveaux. A défaut de centre-ville commerçant, les Sud-Africains des grandes villes font leur lèche-vitrine dans ces grands bâtiments (insécurité oblige, ou absence de centre-ville historique comme on les connait chez nous ?).

Puis l’heure fatidique approche ! On a rendez vous avec Zamo, chauffeur de Bazbus, pour récupérer notre appareil photo !...
Youhou, il est sain et sauf !

On découvre au passage les très bons cidres sud africains, les « Savana dry », pour trinquer avec le chauffeur.




Demi-tour, pour Pretoria.





Lundi 25/10 – En route vers le grand Est



Un coup d’œil dans les rétroviseurs vers ces superbes Jakarandas, et on s’échappe plus au Nord Est, direction Blyde River Canyon et le fameux parc Kruger.





Pas mal de route aujourd’hui, mais notre GPS la connait. Enfin, en général. Le réseau routier a l’air d’avoir évolué rapidement autour de quelques stades ces derniers mois ….

Les paysages se succèdent : grandes étendues arides d’abord ; puis des bananiers à perte de vue dans une contrée plus vallonnée ; enfin pins et eucalyptus bien alignés de part et d’autre de la route sur des kilomètres.

Depuis Pretoria, la route s’est bien rétrécie. Mais doubler avec une bonne ligne blanche au milieu et des voitures en face ne fait peur à personne : les voitures se serrent sur le coté et ça passe à trois sans problème !

On finit par se poser à Graskop, aux portes de Blyde River Canyon : B&B au charme désuet mais très propre (même les peintures sont nickels pour me punir d’avoir généralisé un peu vite hier) et l’accueil est sympa.

Mardi 26/10 – Monumental canyon !


Ce petit déjeuner est mémorable : gargantuesque et délicieux. On goute notamment aux « sweet corn fritters », des beignets de maïs, miam. Et avec ça, les meilleurs jus de fruits, des œufs, du bacon, des saucisses façon Afrikans (ie, au bœuf !), de la salade de fruits, des muffins …

On se fraye un passage dans le brouillard pour atteindre Blyde River Canyon, réputé pour être le troisième plus grand canyon du monde. (Les météorologistes doivent s’arracher les cheveux par ici : il y a quelques jours, c’était double épaisseur de pulls à Wild Spirit ; hier, on bénissait la clim dans la voiture ; et ce matin, on n’y voit pas à 10 mètres !?)

Une petite rando nous offrira quand même de jolis points de vue sur cette la fameuse rivière en contrebas. Sont bizarres ces Sud Af, la moindre randonette nécessite d’acheter un ticket d’entrée. On se plie à la coutume locale. On est sans doute mal habitués dans notre pays où beaucoup de choses sont financées par les impôts. En chemin, on tombe sur un rocher qui sert de repère à une bonne tribu de ces grosses marmottes, relativement peu sauvages, semblables à celles qu’on a déjà croisées à quelques reprises. Elles montent aux arbres ici ! On s’observe un moment mutuellement. On fait également la rencontre d’une sorte de lézard surdimensionné.
Le point de vue sur le canyon est vraiment colossal. Dommage que le ciel reste très gris. Les parois rocheuses se jettent dans la rivière en bas, qui a, malgré le temps maussade, une teinte bleu vert intense, qui semble presque artificielle. Les trois blocs sur la droite, découpés en forme de huttes traditionnelles, sont appelés les « 3 rondavels ».

Jolies petites cascades pour casser la croute aussi.




Venus à bout de notre boucle, on part un peu plus loin découvrir les « potholes ». A nouveau une image locale pour désigner un paysage : des trous dans la roche en forme de marmites, de ces marmites presque sphériques qui sont couramment utilisées par ici. Ces trous serraient formés par des cailloux tournoyants, portés par le courant. Le résultat est très réussi.

(Sur la photo ci-contre : le concours où est (enfin, où sont les) Charlie est ouvert ! Un lot de noix de macadamia et de bonbons aux fruits venus tout droit de Graskop à qui nous trouvera !)

Mercredi 27/10 – Aux portes de la savane


Un grand maia dankie à nos hôtes Afrikaaners et on s’échappe. L’Afrikaans est une sorte de créole dérivé du Néerlandais, une des 3 langues principales en Afrique du Sud. Heureusement que la plupart de ceux qu’on croise parle aussi un bon Anglais.

Hier soir, pas eu le temps de s’arrêter voir le Pinnacle (un énorme piton de quartz couronné de quelques arbres) ni God’s Window à la sortie du canyon. Qu’à cela ne tienne, c’est à deux pas, on y retournera ce matin… hum, mais avec, à nouveau, ce bon brouillard bien accroché aux environs …
En attendant que ça se lève, on va faire un saut à Pilgrim’s rest : petit village de chercheurs d’or, à une encablure de là, abandonné puis réhabilité pour les touristes. L’inconvénient étant que, du coup, comme on pouvait s’y attendre, ce n’est peuplé que d’étrangers et de vendeurs de bibelots… On ne s’y attarde pas.

Le brouillard s’est un peu levé aux alentours, mais pas sur le canyon. En guise de Pinnacle, on ne distinguera qu’une masse sombre au travers d’un épais rideau blanc.


Sur les conseils de nos hôtes, on a réservé notre prochaine nuit à Phelwana, peu avant l’entrée du Parc Kruger. Ils nous ont dit que l’on pourrait certainement y voir des zèbres au réveil … mais on ne s’attendait certainement pas à ça : l’arrivée à notre logis commence par une dizaine de km sur une piste chaotique. Quand on atteint enfin notre destination, c’est un grand parc, fermé. Une mama nous ouvre, bien qu’on ait du mal à se comprendre et qu’on n’ait pas le numéro de réservation qu’elle semble attendre. Encore 2km de piste dans le parc pour atteindre l’accueil. Au bord du chemin, 3 girafes prennent leur gouter sans se préoccuper de nous !! Notre bungalow est très bien équipé, et surtout il est doté d’une terrasse en bois des plus sympathiques, entourée d’arbres, et donnant sur un petit lac.

Ce petit parc est en fait ce qu’on appelle ici un « game lodge ». Une réserve privée, comme il y en a beaucoup d’autres qui gravitent autour du grand Kruger. Mais ces réserves sont en général réputées plutôt haut de gamme alors que dans la notre, la nuitée est moins chère que dans un basique « Formule 1 » … Sans doute est-ce bon marché car assez petit (quand même de l’ordre de 4km², il y a de quoi se perdre), et surtout il n’y a pas les « big 5 » ? (ces 5 animaux si recherchés par les amateurs de safaris : éléphant, buffle, rhino, léopard, et lion) Mais quand même, on ne comprend pas bien comment ils s’en sortent.

Toujours est-il qu’on repart faire un tour à pieds et qu’on tombe à nouveau nez à nez avec une élégante, enfin, un élégant girafe. Qui ne voit pas d’inconvénient à ce qu’on l’approche et à ce que l’on se balade un moment avec lui.



Les dames de l’accueil nous ont bien prévenus, il y a 3 consignes principales : attention aux hippopotames, aux buffles, et pas de sortie après la tombée de la nuit.
Le soleil descend et on ne sait plus bien où on est. Rien ne ressemble plus à un arbre de savane sans feuilles qu’un autre ; et quand je dis que le soleil descend, c’est façon de parler, c’est couvert, on ne le voit pas. Bref, la tour de guet est bienvenue pour repérer notre route (et au passage on est à hauteur de girafe pour discuter avec notre ami au long cou !).
Le lac n’est pas loin. On y fait une pause car on voit affleurer les hippos ! Marrant, le cliché des yeux qui dépassent et rien d’autre est une réalité. Un bon croisement entre un cochon et une grenouille, en plus farouche, ces bestioles là. Ils restent dans l’eau car leur peau est très sensible au soleil. Mais la nuit ils se baladent librement hors de leur lac, d’où le danger. 3 paires d’yeux à la surface se suivent. On se rapproche de la berge, pas à pas, mais on fait un joli bon en arrière quand l’un d’eux décide de nous montrer l’amplitude de ses grognements. Ou ses bâillements? Bref, en toujours est-il que l’on ne va pas se jeter dans la gueule de l’hippo ce soir. Aux abris.


(Note de la rédaction : « Tu exagères, on n’était pas si perdus que ça », me dit mon jeune époux à la lecture de ce paragraphe. Il n’a pas tort. Mais le lecteur le pardonnera quelques emphases pour maintenir l’intérêt de cette prose ?)

Jeudi 28/10 – « Apprivoise-moi », dit l’antilope


Au petit matin, je découvre des talents cachés à Greg. Lui qui serait capable de ne pas trouver un bureau de poste à 3m, ce matin, il discerne les antilopes qui se fondent dans la savane au loin ! Et sur la pointe des pieds ou à quatre pates, patiemment, pas à pas, il s’en approche. Bon, par contre, d’autres de ses gènes africains sont trop profondément enfouis et il trouve le moyen de se faire mordre par … une fourmi. (C’est pas une blague, et aïe aïe !)
Par moments, on a l’impression de jouer à 123soleil : quelques pas empressés ; une antilope tourne la tête vers nous, on se fige ; puis on se rapproche à nouveau dès qu’elles relâchent leur attention. Il y en a à tous les coins de chemins.

Peu après, sur la rive de l’étang opposée, un troupeau de buffles ! Ils sont nombreux mais craintifs : malgré l’eau qui nous sépare, ils ne tardent pas à prendre leurs pates à leur cou, avant même que l’on n’ait le temps de dégainer (notre appareil photo). Et non loin de là, un zèbre ! Non, 4, 5 zèbres. Pas mal comme costume de camouflage dans les herbes.

Pause sur notre agréable terrasse.

Alors que l’on finit notre repas, là bas, pas loin, une antilope rayée ! Elle ne nous a pas vus ? Si, mais elle n’est pas très sauvage. Elle s’approche en broutant, petit à petit. On l’apprivoise avec des peaux de bananes, elle semble bien gourmande. Elle finit par être si près qu’elle vient nous manger dans la main ! Ses sœurs sont un peu moins sociables, mais elles apprécient également miettes et pelures qu’on leur pose non loin. C’était bien la peine de jouer au ranger à l’aube, et ramper dans les herbes pour les approcher à 50m !

Un peu plus tard, au milieu du parc : on croise un gros camion, plein de bananes trop mûres ! C’est par tonnes qu’ils les approvisionnent pour nourrir tout ce petit monde. Ce n’était pas un gout nouveau, alors, pour nos amies antilopes, les morceaux de bananes qu’on leur a donnés à midi, leur régime quotidien n’est pas limité à herbes et feuilles! Attroupement intéressé par le chargement qui vient de lui être déversé. C’est l’occasion d’apercevoir un kudu, grosse antilope aux cornes entortillées, qui sert d’emblèmes aux parcs nationaux. Et aussi un phacochère, portrait craché de Pumba (mais oui, le pote de Simba, dans le Roi Lion). Plus sauvages que nos amies antilopes et girafes, ils s’échappent quand on s’approche, malgré le festin qui les attend.

Rapide excursion à Hoedspruit en début d’après midi : petite ville où l’on se sent bien même si elle n’a rien de particulier. Comme souvent les gens sont très serviables et un jeune homme n’hésite pas à nous guider dans notre quête de CD. On remplit nos petits objectifs courses, CD pour la route, essence… on est prêts à affronter le Kruger demain.

Byebye à nos amis à 4 pattes...


Vendredi 29/10 – Le word famous « Kruger Parc »


Départ en l’aube pour se jeter dans le grand bain cette fois : le Kruger nous attend !

Le petit bonhomme du haut de ses 3 ou 4 ans, qui devance systématiquement sa maman pour nous ouvrir la grille, est coiffé d’un bonnet ce matin. Il ne parle pas anglais, mais discute tout de même systématiquement avec nous avec enthousiasme.

Le fameux Kruger n’est pas loin. Vieux de plus de 100 ans, de l’ordre de 350*60 km (comparable au pays de Galles ou Israël), c’est le parc de tous les superlatifs.

Mais voilà, c’est ce qui peut arriver quand on se retrouve confronté pour de vrai à une légende : on est plutôt déçus. Déçus en premier lieux par les paysages : à perte de vue, une étendue désespérément plate, et couverte d’arbustes secs. C’est la fin de la saison sèche, la végétation attend la pluie avec impatience. Il paraît que c’est mieux pour voir les animaux bien entendu. Oui, mais c’est d’une tristesse !...
Et puis on est surtout frustrés de devoir rester prisonniers de notre voiture. Pas le droit de descendre, c’est risqué. Les animaux, eux, sont en liberté, une liberté plus grande qu’à Phelwana c’est sûr ; oui, mais nous on est en cage, et on n’aime pas trop ça… Du coup, on peut moins s’approcher, et puis il y a toujours une paroi de tôle et de verre entre nous et eux.
Effectivement, il y a une bonne densité d’animaux. Mais ayant apprivoisé des antilopes hier, on ne se laisse plus vraiment impressionner par ces quadrupèdes là à quelques dizaines de mètres. De même, les girafes sont bien loin. Le parc est également plus dense en bipèdes, mais finalement c'est pratique pour repérer les animaux: on s’arrête là où il y a des voitures arrêtées. Quelques éléphants là bas. Les crocodiles, plus qu’immobiles au bord de la rivière, ne nous laissent quand même pas indifférents : impressionnant, en ½ h à les guetter, ils bougent à peine une canine, juste assez pour nous convaincre de leur réalité. On croise aussi 2 hippos (qui sortent alors qui fait jour ?! on nous aurait menti ?) et un troupeau de buffles.

Le camp où l’on se pose, Olifants, malgré les éloges du routard, ne vaut pas notre terrasse à Phelwana non plus. Beaucoup de rondavels tous pareils, bien serrés les uns aux autres comme pour se rassurer. Effectivement la vue sur la rivière en bas est jolie… mais dommage qu’elle soit derrière un haut grillage.

Il faut croire que les trentenaires randonneurs que l’on est ne sont pas la cible de ce genre d’excursions. Par contre, les enfants et leurs parents citadins ont l’air ravis …

On se fait un « game drive » avec un petit groupe conduit par un ranger à la tombée de la nuit. Intéressant, il connait bien le milieu et ses habitants. Là bas, on aperçoit quelques lionnes se camouflent dans les hautes herbes, grâce à l'oeil persant d'une de nos acolytes.

Samedi 30/10 – « Comme une porcelaine dans un magasin d’éléphants »

5h30 : ouverture du portail du camp. 5h31 : on est dehors. Trop facile en plus. On a pris un bon rythme calé sur le soleil le matin, pour mieux profiter de la journée (les Sud africains sont matinaux. Et puisqu’il ne fait pas bon traîner dans les rues après la tombée du soleil par endroits, alors autant en profiter tant qu’il fait jour…)

Il paraît que l’aube est le meilleur moment pour croiser des félins, sur le retour de leur chasse nocturne. Pourtant, pas grand-chose à se mettre sous la dent si ce n’est quelques antilopes.
On se contente donc d’un petit dej de céréales et muffins, garés au bord de la rivière. On s’amuse de voir les autres voitures s’arrêter à coté de nous, pensant que l’on observe quelque bête sauvage…

Encore un petit tour de piste. Décidemment, il n’y a pas un chat. On fait demi-tour, et on s’apprête à changer de conducteur, quand… là bas !...
Pas un chat, mais 2 gros gros félins à crinière ! (On va peut-être éviter de permuter nos places tout de suite alors…) On a quand même de la chance, le roi des animaux n’est pas sensé être très facile à croiser, et si on n’avait pas fait demi tour on serait passés à coté d’eux sans les voir. La paire de lions n’est pas bien loin, et le paysage est découvert jusqu’à eux. Et puis pour que l’on ait tout le temps de les contempler, ils font la sieste. Ils ont l’air bien repus !

Quand ils se décident à bouger, on fait de même. Un peu plus loin, quelques éléphants, avec un éléphanteau. Tout un troupeau d’éléphants même ! Chacun leur tour ou par petite famille, ils traversent la piste. Impressionnantes créatures, elles ont l'air sereines et se déplacent d'un pas nonchalent. On a cru comprendre qu’il ne fallait pas trop les chatouiller tout de même, et en particulier quand il y a des petits. On garde donc quand même nos distances. L’un de ces monumentaux mammifères s’apprête à traverser juste devant nous. Une petite photo ? Oula, non, finalement, marche arrière, les 6 tonnes aux grandes oreilles sont quand même un peu trop près. Contact. Je cale !! Mais pourquoi il nous regarde fixement comme ça ??? Qui changé la marche arrière de place ?... Pfou, ça y est, on recule. Et lui traverse tranquillement, avec son petit…

Pause dans un autre camp un peu plus loin, nommé Letaba. Un peu moins réputé qu’Olifants mais la vue y est aussi sympa. On se plait à jouer avec des écureuils. Eux aussi apprécient les restes de bananes, mais surtout les cookies ! Marrant l’usage qu’ils font de leur mains. La verticalité est une notion qu’ils ne semblent pas connaître, ils évoluent aussi facilement sur un tronc que sur le sol. Une petite fille qui passe par là semble ne pas comprendre que l’on préfère jouer avec ces petites bêtes que chercher à discerner les buffles, là bas, près de la rivière : il faut de bonnes jumelles pour savoir que ce sont de buffles alors que les écureuils sont si proches et tellement facétieux… De superbes oiseaux d’un bleu brillantissime aiment bien les cookies également.

On reprend la route. Peu après les portes du Kruger, des policiers nous arrêtent pour vérifier qu'on ne trafique pas on ne sait quoi. On ne comprend pas bien. Si ce n'est qu'ils nous demandent si on transporte pas de lait !? Mais qui a balancé Greg ? On leur sort nos 2 litres de réserve, mais non, ouf, ce n'est pas ça qu'ils cherchent.
On passera la nuit à Polokwane, capitale locale, de la province du Limpopo.

Dimanche 31/10 – Retour au pays des jacarandas

Notre B&B est d’un standing un peu supérieur à nos habitudes. Intérieur classe et extérieur fleuri. Mais le lieu ne tient pas ses promesses. Le net ne marche pas (je commence à être en manque !) et il y a un frigo dans la chambre qui a fait un bon boucan cette nuit !


Par contre, miam, de nouveau un copieux petit dej’ à l’Anglaise.



En route pour Prétoria. On commence à avoir nos habitudes dans ce pays, on va retrouver notre backpackers dans la rue aux jacarandas.

On est bien dans cette maison là. Le petit jardin luxuriant est très agréable dans l’après midi. Et le salon, haut de plafond, résonnant de la grosse pluie qu’il fait dehors ce soir là, est bien confortable.

L’après midi s’est limitée principalement à une balade vers Union Building. On y a fait quelques photos maintenant que l’on n’est plus privés d’appareil ! On est rentrés au pas de course juste avant le plus gros de l’orage, histoire de juste profiter de quelques grosses goutes chaudes mais sans être trop trempés !

Pour compenser le petit dej monumental auquel on a encore eu droit ce matin, donc pour la peine, ce soir, repas limité à quelques corn flakes.

Sans doute un autre critère de qualité d'une chambre ici, en plus de la bible souvent disposée sur la table de nuit ? La montagne d'oreillers qui ornent les lits ! Fréquemment, on a droit à 3, voire 4 oreillers chacun !

Lundi 1/10 – Non loin de Pretoria


Pretoria fait vraiment figure de ville tranquille de province à coté de Jo'burg. En une vingtaine de km on est en pleine campagne.

Aujourd’hui, rando dans le coin, notre guide à la main, vers Hartbeespoort. C’est sur une propriété privée ! Un agriculteur qui ouvre son vaste domaine aux citadins et aux touristes en fait. Ceci dit, on est ses seuls clients aujourd’hui. Donc de nouveau, on s’acquitte du ticket d’entrée. Il fait chaud, et on n’est pas très matinaux… on choisit par conséquent la plus petite des 2 boucles proposée par le propriétaire. Dommage, elle est relativement quelconque… Seul point notable : une sorte de croisement entre une tyrolienne et un téléphérique, qu’ils appellent « cable car », pour traverser la rivière !
Le tour est vite fait, on attaquera pour la peine le départ de la seconde balade, qui se faufile dans un environnement plus changeant.

Par contre, la faune du jour, bien que simple, est toujours variée : un gros lézard d’un mètre, une antilope, des oiseaux qui font des nids de marsupilami, des truites (ou leurs cousines) qui s’échinent en vain à essayer de remonter un petit barrage, un chien fort sympathique...

On accepte volontiers la proposition du maître des lieux : trempouillage apprécié de nos orteils dans sa piscine. On admire au passage une sorte d’éolienne d’un autre temps, qui leur permettait de pomper l’eau avant que la nappe ne soit trop profonde.


Mardi 2/10 : South Western Township


Notre objectif du jour est de faire un tour à SoWeTo, le fameux township de Joburg. Fameux pour son rôle dans le renversement de l’apartheid. Et fameux aussi pour les conditions dans lesquelles y vivent encore plusieurs millions d’habitants. On a hésité à faire cette excursion … Finalement, on s’est décidés pour une formule qui nous semblait un bon compromis, pour ne pas fermer les yeux sur cette autre réalité sud africaine sans y venir en voyeurs : c’est parti pour un tour à vélo. C’est Lebo’s backpackers qui les organise : le lieu est sympatique ; backpacker singulier car d'une part installé à Soweto, et d'autre part tenu par un noir. On est 4 à suivre et écouter attentivement notre guide. Jeune homme issu de ce milieu là, hyper motivé, aux explications les plus claires et riches qui soient.

Soweto à perte de vue. La ville se divise en 29 quartiers, on se limitera à moins de 1, Orlando West, le plus riche d’histoire. Au loin, les montagnes construites par les gravats des mines d’or, viennent rappeler en permanence les origines de cette banlieue.

Les maisonnettes les plus anciennes, en effet (dites « hostels ») étaient initialement des sortes de corons. Adjacentes et toutes pareilles : murs de brique, toits de tôle. Limitées aux hommes à l’époque, qui s’y entassaient à 8. Avec entre chaque paire d’habitations, une cuisine à partager. Aujourd’hui, des familles vivent là, mais la promiscuité reste très forte. On visite l’un de ces taudis. En l’occurrence ils y vivent à 4 frères, jeunes adultes. Parfois ce sont parents et 3 ou 4 enfants. La vingtaine de mètres carrés du logement est divisée en 2 pièces de surface équivalente par un mur qui n’atteint pas le toit : une cuisine, meublée d’une simple table, un réfrigérateur, et une plaque électrique ; et une chambre dans laquelle un grand lit prend presque toute la place, complétée par 3 matelas plus petits mis la verticale contre le mur. Une petite télévision trône dans un coin. Cependant, un fil électrique peu avenant traverse la pièce tel une guirlande, pour atteindre l'unique douille, vide, au centre du logis. Mauvais contact. Quand les habitants ne paient pas leurs 45R (4,5 € !) de loyer mensuel, l’état leur coupe l’électricité. Mais la solidarité fonctionne bien et le voisin prête un peu de son courant. Je réalise a postériori que je ne me souviens pas du moindre rangement… Ils ne doivent pas avoir grand-chose à ranger. Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’y a pas d’eau à l’intérieur : les points d’eau sont dehors, communs pour quelques familles…

On passe cependant très vite de zone en zone, très différentes. Les maisons plus « middle class » ont un petit jardin, qui abrite des toilettes personnelles. Mais on traversera aussi à peine plus loin un quartier de demeures à l'air bourgeois, dit par ici « Beverly Hills ».

Mais restons un moment dans les rues poussiéreuses entre les hostels. On pourrait craindre de la part des gens qui y vivent une rancune, une généralisation à tous les blancs du ressentiment qu’ils ont pu ou peuvent encore peut-être avoir contre ceux qui les ont maltraités il y a finalement peu de temps. Bien au contraire.
Ici ou là, quelques enfants s’extraient de leurs jeux en nous voyant passer pour au moins nous regarder passer, souvent nous exprimer un « Hello !! » des plus enjoués, ou venir nous taper dans la main, voire nous sauter au cou. Plus loin un plus grand s’exclame « Shoot me ! » pour qu’on le prenne en photo. Dans ce quartier, les blancs ne courrent pas les rues.
Dans les textes, aujourd'hui, quelle que soit son origine on a les mêmes droits, et on peut partager les mêmes bancs d'école. Oui, mais les richesses, les éducations, les lieux de vie, ne sont pas lissés en 15 ans ... D'autant plus que les études sont loin d'être bon marché...

Notre jeune guide nous invite à le suivre dans une cahute qui fait office de bar. Principalement des hommes ont pris place sur les bancs qui sont disposés contre les parois. On doit être une quinzaine et la cabane est bien pleine. Plusieurs, tour à tour, prennent la parole, pour nous poser des questions sur nous. Pour eux, la France et l’Allemagne c’est du pareil au même donc ils sont surpris que l’on ne puisse répondre à leur question « c’est comment l’Allemagne ? ». On est invités à boire un breuvage qu’ils appellent "beer", mais qui n’a de la bière que l’amertume. Plus blanchâtre. Pas bien compris ce qu’il y avait dedans, si ce n’est il me semble du maïs comme dans beaucoup de choses ici. On a droit à la version de cérémonie, eux buvaient une version en briques avant notre arrivée. On a appris à dire merci en Zoulou : siyabonga tout le monde !

Pas simple les langues d’Afrique du sud : 3 langues principales, l’Anglais, l’Afrikans, et le Zoulou, ça nos lecteurs attentifs l'auront déjà relevé. Mais aussi 8 autres langues officielles. Sans parler de la langue obtenue en mélangeant tout ça en en remuant bien, qui est parlé dans les banlieues …

Quelques tours de pédale plus loin : nouvelle pause pour un petit casse croute typique. Sur la devanture, on peut lire «Inyama Yentloko», autrement dit, maintenant qu’on maitrise le Zoulou (hum), « morceau de tête de la vache ». « Yentloko », en claquant sa langue contre son palais pour le « tl », son bien caractéristique du Zoulou et du Xhosa il me semble. Il fait bien chaud la dedans. Dans la marmite, sur les braises, de la viande a macéré des heures. Elle est donc super tendre. Et aussi délicieuse que l’odeur qui flotte là dedans. C’est de la joue. On goute de petits morceaux avec un peu de sel et d’épices. On l’accompagne de classiques « pap », une semoule de maïs avec laquelle on modèle de petites boulettes du bout des doigts.

C’était en guise d’apéro. Pour midi ce sera un Soweto Burger. Bien meilleur que ceux du vieux Mac ! On aborde avec Filip, notre guide, des sujets plus personnels. Notamment le système des dots, qui ne se monnaient plus en vaches mais en rands sonnants et trébuchants, mais qui restent un bon problème de société qui ne va pas aider à l’égalisation de tout ça. Le principe nous semble absurde mais le jeune homme le présente incontournable pour donner une légitimité à son couple. Il a la chance que sa copine, journaliste, ait déjà eu un enfant, du coup sa dot ne sera pas trop chère : tout au plus 15000R… Il dit en avoir un peu marre de faire le tour de Soweto à vélo, et il a des projets ambitieux : et pour commencer une émission télé qui irait de backpackers en backpackers sud africains ! Il a déjà des sponsors. C’est un garçon intelligent, on ne doute pas un instant qu’il réussira.

Notre chemin fait des haltes également dans des lieux plus historiques : le lieu où Hector Pieterson, 13 ans, est tombé sous les balles des policiers en juin 1976, comme un certain nombre d’autres collégiens. Alors qu’ils manifestaient, pacifiquement. C'est ce fameux jour qui est aujourd'hui noté dans les livres comme un tournant de la lutte contre l'apartheid. On pédale aussi dans La Rue qui a servi de domicile à 2 prix Nobel de la paix : le prêtre Desmond Tutut (qui y vit toujours à l’occasion), et Nelson Mandela. Encore lui ! Sur le cas Mandela, pour répondre à mon interrogation sur le coté un peu trop beau de cette homme-légende, Filip est plus nuancé que tout ce qu’on a pu entendre ailleurs. Il reproche à l’ANC (qui est le parti en place) d’en avoir fait un super héros, une figure de proue, alors que beaucoup d’autres œuvrent ou ont œuvré dans l’ombre. Il fait remarquer qu’au-delà du fameux Nelson, des noms de lieux ont pris les noms de dirigeants de l’ANC mais pas des autres partis d’opposition qui ont aussi fait chuter l’apartheid… On comprend qu’on vend du rêve facile au monde en mettant ce seul homme en avant. Mais ça marche tellement bien…

Au revoir Soweto, vraiment enchantés d’avoir fait ta connaissance.

On va passer notre dernière nuit dans un backpacker de Jo'burg pour ne pas être trop loin de l’aéroport demain…

Mercredi 3/11 : « Home sick ? »

Dernier jour. On décide de se faire une excursion à Gold Reef City : Johannesburg, qui s’est construite autour de l’exploitation de l’or, est naturellement aussi le lieu d’un parc sur ce thème. On a lu que l’on peut y descendre dans un ancien puits de mine, ça nous tente bien. On a cru comprendre également qu’il y avait des manèges autour.

Arrivés sur les lieux, il s’avère que ce n’est pas un musée sur l’exploitation du métal précieux avec quelques manèges autour, mais plutôt un parc d’attractions avec quelques infos sur les mines au milieu. A l’entrée les groupes se pressent, et la moyenne d’âge doit être de 12 ans. On hésite. Bon, allez, quitte à être là…

De l’autre coté des grilles, c’est nettement pire que ce que l’on pensait. Un temple de la consommation : à coté de chaque attraction, un magasin de babioles ou de grignotages. Autour de nous, les ados courent d’attraction en attraction, alors que l’on erre sans but. Greg, connaissant les limites de son estomac en terme de sensations fortes s’interdit les gros manèges. D’autant plus en prenant l’avion ce soir. Et puis même, on réalise que ça ne nous tente pas / plus vraiment. On prend un coup de vieux. Bon, on fait bien un tour de grande roue pour jeter un œil au paysage quand même, et un tour de chaises volantes mais à peine plus. Ah, si, on assiste aussi à un film en « 4D » : bon, pour les 3 premières dimensions, ça vaut à peine un film 3D du ciné. Les mouvements ne sont pas aussi convaincants qu’au Futuroscope. Mais il faut reconnaître que l’ajout d’odeurs, de vent, et autres gouttelettes d’eau est sympa !

Descente dans la mine : on atteint 225m sous terre tout de même, mais les puits les plus profonds en faisaient beaucoup plus, 3200m ! Il fallait 2h pour descendre, autant pour remonter, après les 8h passées à creuser dans le bruit et la poussière en bas. Les galeries sont relativement spacieuses, pas besoin de se baisser. Détail pragmatique : les stocks de dynamite n’ont pas un dessus horizontal pour que l’on ne risque pas d’y poser de bougie! Enfin, les bougies et la dynamite c’était au début, depuis ils ont trouvé mieux : la mine a été exploitée de la fin du XIXème siècle à 1977. D’une tonne de minerai on extrayait la broutille de 5g d’or. Ca en fait de la rocaille à sortir pour récolter les 1400 t d’or qui sont sorties de là-dessous ! Pas étonnante la taille des montagnes artificielles que l’on pouvait contempler du haut de Soweto hier. Bon, on en aura au moins appris un peu plus sur tout ça, et on a pu s'imprégner un peu de ce monde là. Mais sans vouloir paraître de mauvais poil aujourd’hui, ils feraient aussi bien de remplacer le guide par un audioguide, au moins il articulerait un peu mieux, et de toute façon on ne peut pas faire moins interactif, moins enjoué, plus monocorde que ce guide là. En même temps, tous les employés de ce parc sont à peu près aussi motivés… Encore un gros décalage avec l'enthousiasme et la spontanéité rencontrée hier à Soweto, qui nous fait grommeler…

Allez, en attendant le spectacle de danse Zoulou, je convaincs Greg de m’accompagner sur un petit manège. Un gentillet, autorisé aux moins de 1m30 (non, cher lecteur, pas de blague facile sur ma taille), et en plus les enfants en redemandent. Un manège du genre des tasses qui tournent à Eurodisney. Tout de même, ça accélère bien. Et bientôt, inévitablement, Greg essaie de faire signe au responsable pour qu’il abrège le tour, mais dans le bruit ambiant ce dernier reste sourd à ses appels ! Greg KO. Et ce qui le connaissent dans ce contexte savent que ce n’est pas pour 5min … il faudra attendre au moins 11h du soir, dans l’avion, pour que son estomac se retrouve à peu près à l’endroit. Ra, ces estomacs primitifs alors… (on a entendu dire que c’était un réflexe de survie hérité de nos ancêtres : quand ça tournait autour d’eux c’est parce qu’ils avaient mangé quelque baie qui pouvait mettre leur vie en péril, d’où cette réaction automatique du corps pour expulser ce danger en faisant une remise à 0 !!)

Pour bien finir la journée, à l'aéroport, la vendeuse nous assure que la bouteille d’Amarula que l’on avait prévu d’acheter ne passera pas la sécurité à Londres, zut.
Et dans l’avion, au départ, problème sur le système électrique : il y fait jusqu’à 34,8 °C montre (-alti) en main !

Pfou, tout ça pour que l’on soir bien contents de rentrer chez nous ?

Malgré cette dernière journée perfectible, on garde en tête de magnifiques images, des souvenirs de rencontres particulièrement avenantes, et plein d’espoir pour ce pays qui va dans le sens du respect et de l’égalité.

Atterrissage sous le soleil toulousain en fin de matinée. Superbe vue sur les Pyrénées, déjà bien enneigées. Et les arbres ici ont pris une jolie teinte rousse. A bientôt pour de nouvelles aventures !